jeudi 23 novembre 2017

VOYAGES EN FRANCE EN CANOË SUR LES RIVIÈRES DU NORD. AVEC UN BAUDET DANS LES CÉVENNES / Robert Louis Stevenson

Voyages en France. I  En canoë sur l'Escaut, la Sambre et l'Oise II Promenades avec un baudet dans les Cévennes, Paris, Éditions « Je sers », coll. « Oeuvres de Robert Louis Stevenson -  I », 1951, 323 p. Introduction [« R.L. Stevenson, sa vie, son oeuvre », p. 9-18], traduction et notes par Léon Bocquet ; frontispice de Roger Parry ; ill.

I En canoë..., p. 19-180 ; II Promenades..., p. 181-320.

« Voyage en canoë sur les rivières du Nord (An Inland Voyage, 1878), voyages à travers la France et la Belgique. Édité par 10/18 en français à l'occasion du centenaire en 1978: La France que j'aime (chapitre principal avec deux autres chapitres: « Voyage avec une palette et des pinceaux » sur la forêt de Fontainebleau et ses peintres et « Voyage à travers les livres » sur quelques auteurs français). Édité en français par la Nouvelle Société des Éditions Encre, Paris, en 1985 sous le titre Canaux et Rivières, d'Anvers à Compiègne.

Voyage avec un âne dans les Cévennes (Travels with a donkey in the Cévennes, 1879), un des premiers livres présentant la randonnée et le camping comme des activités de loisirs (il s'agit du premier essai décrivant des sacs de couchage). » Wikipédia

Né le 13 novembre 1850 à Édimbourg (Écosse), décédé le 3 décembre 1894 dans une île de la Polynésie (Samoa), Robert Lewis Balfour Stevenson est davantage connu pour ses romans d'aventure, publiés après ces récits de voyage : L'Île au trésor, La Flèche noire, Les Aventures de David Balfour, Catriona, Le Trafiquant d'épaves, L'Étrange Cas du Dr Jekill et de M. Hyde, etc.

Depuis plusieurs années, mes amis et voisins, André et Ginette Major, me recommandaient chaudement la lecture des romans de Stevenson. Croyant qu'il s'agissait de romans d'aventures « pour adolescents », ce qui n'est nullement le cas, je faisais la sourde oreille, pour finalement me rabattre sur ses récits de voyage en France, ce que je n'ai pas regretté.

Réalisés entre 1874 et 1878, ces voyages en canoë et avec une ânesse, appelée Modestine, sont décrits avec précision, tant les paysages que les humains, les lieux et conditions météorologiques que les aventures et mésaventures. Stevenson ne se contente pas de témoigner de ce qu'il voit et entend, il prend parti, avec toute sa retenue anglaise, son « apparent » conservatisme bourgeois et protestant, son machisme d'homme du XIXe siècle. Toutefois, l'écriture, sobre et limpide, rarement grandiloquente, la qualité des descriptions, l'esprit d'aventure et l'audace en font des récits attrayants, agréables à la lecture, des souvenirs d'un monde disparu.

Avec son ami Walter Simpson, Stevenson entreprend, depuis Anvers, par l'Escaut, le canal de la Sambre et l'Oise, ce périple avec deux canoës, appelés L'Aréthuse et La Cigarette, le premier en chêne robuste, l'autre en cèdre lisse. Connu sous le sobriquet de « Paletot de velours », Stevenson y fera d'ailleurs la connaissance d'une Américaine, Fanny Osbourne, née Van de Grift, âgée de 37 ans et mère de deux enfants, qu'il épousera en mai 1880, en Californie.

Après le départ de Fanny pour San Francisco, en 1879, afin d'obtenir son divorce, « déçu et en proie au doute, il part s'isoler au Monastier-sur-Gazeille. Depuis cette localité, il effectue une randonnée en compagnie d'une ânesse, nommée Modestine ; le bât fixé sur l'animal est un sac servant à contenir ses effets et son sac de couchage. Parti le de Haute-Loire, il atteint douze jours plus tard la petite ville de Saint-Jean-du-Gard. Son parcours a cheminé dans le Velay, la Lozère ou ancien pays de Gévaudan (mont Lozère et Cévennes), en passant par les communes de Langogne, Luc, Le Bleymard, Le Pont-de-Montvert, Florac et Saint-Germain-de-Calberte, en pays camisard. Aujourd'hui, cette randonnée de 230 km est connue sous le nom de « chemin de Stevenson » et référencée comme sentier de grande randonnée GR70. » Wikipédia

Extraits :

« On ne devrait entretenir aucune correspondance en voyage. Il est assez fâcheux d'avoir à écrire, mais recevoir des lettres, c'est la mort sans phrases de toute sensation de congé.

« C'est hors de mon pays et de moi-même que je m'en vais ». Je veux, pendant un certain temps, faire un plongeon dans de nouvelles conditions d'existence, comme on plonge dans un autre élément. Je n'ai rien à faire avec mes amitiés et mes affections, pendant ce temps. [...] Vous tirez la ficelle et je sens que je suis un oiseau attaché. Vous me poursuivez, à travers toute l'Europe, de ces petites tracasseries que j'entendais éviter par mon départ. Il n'y a pas de rémission dans le combat de la vie, je le sais trop, mais n'y aura-t-il point seulement au moins une semaine de congé ? » (p. 135)

« Pour ma part, glissant sur cette route mouvante dans ma boîte à violon de canoë, je commençai à aspirer après mon océan. Un désir de la vie civilisée tôt ou tard, s'empare de l'homme civilisé. J'étais las de manier la rame, las de vivre aux abords de la vie, je désirais me retrouver au beau milieu, je désirais me remettre au travail ; je désirais rencontrer des gens comprenant mes paroles, qui fussent avec moi sur un plan égal, être un homme enfin, et non plus une curiosité ! » (p. 163)

« On peut pagayer pendant toute une longue journée, mais c'est quand on rentre chez soi, à la nuit tombante, et qu'on inventorie du regard la chambre familiale que l'on y trouve, assis de chaque côté de l'âtre, l'Amour et la Mort qui vous attendent. Et les plus belles aventures ne sont point celles qu'on va chercher au loin. » (p. 163)

« Quant à moi, je voyage non pour aller quelque part, mais pour marcher. Je voyage pour le plaisir de voyager. L'important est de bouger, d'éprouver de plus près les nécessités et les embarras de la vie, de quitter le lit douillet de la civilisation, de sentir sous mes pieds le granit terrestre et les silex épars avec leurs coupants. Hélas ! tandis que nous avançons dans l'existence et sommes plus préoccupés de nos petits égoïsmes, même un jour de congé est une chose qui requiert de la peine. » (p. 228)

« Stevenson est enterré selon son désir, face à la mer au sommet du mont Vaea surplombant Vailima. Lors de ses obsèques, quatre cents Samoans se relayèrent pour porter son cercueil au sommet du mont Vaea. Sa tombe porte en épitaphe les premiers vers de son poème Requiem, composé à Hyères en 1884. » Wikipédia

Under the wide and starry sky,
Dig the grave and let me lie,
Glad did I live and gladly die,
And I laid me down with a will


Sous le vaste ciel étoilé
Creuse la tombe et laisse-moi en paix;
Heureux ai-je vécu et heureux je suis mort
Et me suis couché ici de mon plein gré

9/10 Robert Louis Stevenson, "Voyages en France", "Promenades avec un baudet dans les Cévennes", "En canoë sur l'Escaut, la Sambre et l'Oise", Léon Bocquet, "Récit de voyage", Robert Lewis Balfour Stevenson