lundi 29 janvier 2018

LE JEUNE KARL MARX / Film réalisé par Raoul Peck

THÉÂTRE OUTREMONT, Montréal, le 29 janvier 2018

Le Jeune Karl Marx, France, Allemagne, Belgique, 2016, 118 minutes. R. : Raoul Peck ; Sc. : Raoul Peck, Pascal Bonitzer, Pierre Hodgson.

Fiction documentaire, cet imposant film de Raoul Peck, réalisateur de I Am Not Your Negro et de Lumumba, la mort d'un prophète, conduit le spectateur dans un passé (le milieu du XIXe siècle) étrangement semblable à notre présent.

« [...] une époque - 1844-1848 - à laquelle la nôtre ressemble beaucoup sans nécessairement le savoir : constat d'une iniquité grandissante de l'organisation sociale, recherche d'une réponse politique tant au vieil ordre monarchique qu'au rouleau compresseur du capitalisme industriel. Soit une révolution en marche. » Jacques Mandelbaum, « La horde sauvage de la révolution », Le Monde, 26 septembre 2017.

Une reconstitution historique qui en met plein la vue, des capitales européennes qui plongent littéralement le spectateur dans l'Histoire (Cologne, Manchester, Paris, Bruxelles, Londres, Ostende), tout concourt à rendre digestes les nombreuses scènes didactiques qui recréent les discussions philosophiques, économiques, politiques, sociales, prélude au Manifeste du Parti communiste (1848) et au Capital (1867).

En réalité, Karl Marx (1818-1883) est loin d'être le seul protagoniste majeur dans ce récit. En ce sens, le titre est quelque peu trompeur. En effet, Friedrich Engels (1820-1895), philosophe et grand ami de Marx, joue un rôle essentiel à ses côtés, tout comme, à un degré moindre, les autres figures historiques de cette époque.

« Le film, à cet égard, nous montre la rapide conquête du pouvoir que vont mener, par leur science de la dialectique et de la stratégie, Marx et Engels au sein même du camp socialiste dont ils ont, à un moment ou à un autre, partagé le combat. Contre Bruno Bauer et les hégéliens de gauche, ces philosophes teintés d'idéalisme. Contre l'anarchisme de Proudhon et son refus de la révolution violente. Contre la prédication lyrique d'un Wilhelm Weitling, l'un des fondateurs de la Ligue des justes que Marx et Engels transformeront, précisément, en Ligue communiste. » Jacques Mandelbaum, op. cit.

Une galerie de personnages, incarnés avec talent et passion par des comédiens et des comédiennes (entre autres les interprètes de Jenny von Westphalen, l'épouse de Marx, et de Mary Burns, l'épouse d'Engels) peu connus au Québec (sauf Olivier Gourmet dans le rôle de Pierre-Joseph Proudhon), un kaléidoscope de scènes mettant en lumière les fileuses de Manchester et les ouvriers, bref, un film à voir pour mieux comprendre cette grande figure du socialisme, ce « Juif athée socialiste », que fut Karl Marx.

« Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de diverses manières ; ce qui importe, c'est de le transformer ». Karl Marx, dans les Thèses sur Feuerbach, thèse XI. (Wikipédia)

9/10 "Le Jeune Karl Marx", Raoul Peck, Karl Marx, Friedrich Engels, Pierre-Joseph Proudhon, "Fiction documentaire", "Film politique", "Manifeste du Parti communiste", "Film historique"