vendredi 5 janvier 2018

UN PERSONNAGE DE ROMAN / Philippe Besson

Un personnage de roman, Paris, Julliard, 2017, 247 p.

Philippe Besson, auteur de dix-sept romans, revient sur les neuf mois de campagne qui ont précédé la conquête de l'Élysée par Emmanuel Macron. 

« Je connaissais Emmanuel Macron avant qu'il ne se décide à se lancer dans l'aventure d'une campagne présidentielle. Et quand il m'a exprimé son ambition d'accéder à l'Élysée, j'ai fait comme tout le monde : je n'y ai pas cru.

J'ai pensé : ce n'est tout simplement pas possible.


Pourtant, au fil des mois, au plus près de lui, de son épouse Brigitte et de son cercle rapproché, sur les routes de France comme dans l'intimité des tête-à-tête, j'ai vu cet impossible devenir un improbable, l'improbable devenir plausible, le plausible se transformer en une réalité.


C'est cette épopée et cette consécration que je raconte. Parce qu'elles sont éminemment romanesques et parce que rien ne m'intéresse davantage que les personnages qui s'inventent un destin. »


(Quatrième de couverture)

La politique lue comme un roman... D'emblée, je dois avouer ma fascination pour le personnage d'Emmanuel Macron, cet Eugène de Rastignac (personnage d'Honoré de Balzac), qui a mouché tous ses adversaires dans la course à la présidence française, après avoir créé la République En Marche !,
parti politique social-libéral français lancé le 6 avril 2016.

Entre « la zénitude et la coolitude » (p. 119), l'éventail des opinions, entre partisanerie, opposition radicale, indifférence et méfiance, est très vaste. Peu importe ce que l'on pense d'Emmanuel Macron, l'homme politique, il n'en a pas moins fait bouger les lignes républicaines d'une France qui semblait jusqu'ici inamovible, engoncée dans ses traditions. Le temps nous dira si ce « bal des faux culs » (p. 115) (pour parler des politiciens en général) se terminera sur un faux-pas.

« [...] les onze candidats à l'élection présidentielle publient leur déclaration de patrimoine. Où l'on apprend que les trois champions de la défense des « petites gens » et de l'incarnation de la « France réelle », c'est-à-dire Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Nicolas Dupont-Aignan, sont les plus fortunés et qu'Emmanuel M., supposé candidat de l'argent et suppôt de la finance mondialisée, fait figure de parent pauvre. » (p. 174-175)

J'ai beau avoir suivi cette campagne électorale et en connaître les résultats, j'ai pris un grand plaisir à me replonger dans ce récit où Emmanuel Macron apparaît plus grand que nature, plus « jupitérien » que jamais. Et ça se lit comme un roman...

« Décidément, [...] cet homme-là est un personnage de roman. Celui qui incarne l'ambition dans les récits d'aventures et d'action, celui qui cherche à affronter le monde dans le roman réaliste, celui qui, soumis aux élans et aux affres de la passion, s'invente un destin dans le grand mouvement du romantisme. » (p. 229)

Quelques perles macroniennes :

« Reconnaître les souffrances des uns se fracasse sur celles des autres. » (p. 136)

« Le reste n'est même pas de la littérature. » (p. 115)

8,5/10 Emmanuel Macron, Philippe Besson, "Politique française", "République En Marche !"