lundi 1 avril 2019

FAHRENHEIT 11/9 / Film réalisé par Michael Moore

THÉÂTRE OUTREMONT, Montréal, 1er avril 2019

Fahrenheit 11/9, États-Unis, 2018, 128 minutes. R. et Sc. : Michael Moore.

« Le 9 novembre 2016, Donald Trump est élu 45ème Président des États-Unis. [...] Comment l'Amérique en est arrivée là et comment peut-elle s'en sortir ? Ce nouveau brûlot dresse un portrait au vitriol de l'époque dans laquelle nous vivons et appelle à la résistance contre Trump. » (allocine.fr)

Si Michael Moore avait choisi un exergue, cela aurait pu être :

« Vous qui entrez, abandonnez toute espérance. Lasciate ogne speranza, voi ch'intrate. »

Dante Alighieri, Divine Comédie, Chant III : Porte et vestibule de l'Enfer (Entrée de Dante et de Virgile en Enfer).

Ce film suscite, en effet, une grande désespérance, d'autant plus que l'exercice du pouvoir par Trump pendant les deux dernières années confirme amplement les craintes et les dénonciations de ses opposants, sans compter son désir d'obtenir un deuxième mandat...

S'il est certain que Moore noircit à dessein le tableau, n'épargnant aucun camp, aussi bien les grands médias que les démocrates et les républicains, tous responsables de l'état de déliquescence des États-Unis, il n'en demeure pas moins que les propos tenus par ces « politichiens » donnent froid dans le dos. L'exemple le plus éclairant est celui de Barack Obama, sur les lieux de la tragédie de Flint, au Michigan, qui plombe littéralement les attentes de la population, empoisonnée sciemment, pendant des années, par une eau impropre à la consommation. Tous ces personnages manipulateurs, imbus d'eux-mêmes, au service de leurs propres intérêts et de l'argent-roi donnent la nausée.

Et qui se rassemble s'assemble... Il faut voir ces foules de blancs « red necks » invectiver des femmes noires ou musulmanes, les frapper à coups de poing pour les extirper de leurs assemblées. Dégoûtant !

Bref, il faut avoir le coeur solidement accroché pour ne pas quitter la salle. Heureusement, quelques figures d'intellectuels, de femmes médecins et, surtout, de jeunes étudiants engagés dans l'action nous laissent entrevoir un avenir meilleur, si les forces obscurantistes, alliées à la National Rifle Association, ne les broient pas auparavant...

En ce qui concerne l'objet filmique lui-même, les nombreuses enquêtes de terrain menées par Moore forment un kaléidoscope étourdissant, qui peut parfois donner le tournis et s'égarer dans des zones grises (la relation de Trump avec sa fille Ivanka, le parallèle entre Trump et Hitler, sa propre mise en scène de l'arrosage de la pelouse du gouverneur du Michigan, par exemple). Il faut toutefois lui reconnaître un grand courage, une ténacité hors du commun et un activisme interpellant et intelligent.

« [...] une petite lueur d'espoir ?

Ne me parlez pas d'espoir - j'emmerde l'espoir ! [...]

L'espoir, c'est la passivité. L'espoir vous donne le droit de laisser quelqu'un d'autre se remonter les manches. [...] L'espoir, et l'endormissement qu'il engendre, sont justement ce qui nous a mis dans une situation aussi désastreuse. C'est la solution des paresseux et des impuissants.

Ce n'est pas de l'espoir qu'il nous faut. C'est de l'action ! »

Matthew Jacobs, « « Fahrenheit 11/9 » : Michael Moore nous explique pourquoi il veut faire tomber Donald Trump avec son nouveau documentaire », Huffington Post, 9 août 2018.

9/10 Donald Trump, Michael Moore, "Fahrenheit 11/9", Documentaire, "Politique américaine", Barack Obama