lundi 8 avril 2019

LES FRÈRES SISTERS / Film réalisé par Jacques Audiard

THÉÂTRE OUTREMONT, Montréal, 8 avril 2019


Les Frères Sisters (The Sisters Brothers), France-Espagne-Roumanie-États-Unis, 2018, 121 minutes. R. : Jacques Audiard ; Sc. : Jacques Audiard et Thomas Bidegain, d'après le roman éponyme du Canadien Patrick deWitt (Actes Sud / Alto, 2012).







César 2019 (Édition 44) :

César du meilleur réalisateur : Jacques Audiard
César de la meilleure photographie : Benoît Debie
César du meilleur son : Valerie De Loof, Cyril Holtz, Brigitte Taillandier
César des meilleurs décors : Michel Barthélémy

Lumières de la presse étrangère 2019 (Édition 24) :

Meilleur film
Meilleur réalisateur : Jacques Audiard
Meilleure photographie : Benoît Debie

Festival du cinéma américain de Deauville 2018 (Édition 44) :

Prix du 44ème Festival de Deauville

1851. De l'Oregon à la Californie, une traque implacable, une chevauchée pathétique, un idéalisme pré-socialiste, une utopie cauchemardesque, un western parodique, à nul autre pareil. Réalisateur de films marquants, tels le Prophète, De rouille et d'os, Regarde les hommes tomber, etc., Jacques Audiard ne démérite aucunement en s'aventurant dans des territoires inhabituels, soignant particulièrement le scénario et les dialogues, caustiques, cyniques et humoristiques.

« Deux redoutables tueurs à gages, Eli Sisters (John C. Reilly) et Charlie Sisters (Joaquin Phoenix) chevauchent [...] l'Ouest américain [...]. Leur but est de régler son compte à Hermann Kermit Warm (Riz Ahmed), chimiste malin qui a inventé une formule secrète [facilitant la recherche et la récolte d'un métal précieux, l'or]. Warm conserve par-devers lui la mirifique formule [...] pour l'édification d'une cité socialiste et égalitaire, implantée à Dallas [...]. (Jacques Mandelbaum, « Les frères Sisters » : Jacques Audiard sur les terres du western », Le Monde, 18 septembre 2018.)

Bras armés du Commodore, commanditaire de la poursuite de Warm, les frères Sisters sont précédés par le détective John Morris (Jake Gyllenhaal), chargé de les renseigner sur les déplacements du chimiste et de se rapprocher de celui-ci. L'intérêt du film tient dans le déroulement parallèle de ces deux couples, qui finiront par se rejoindre, dans la relation fraternelle, évolutive, au fil des nombreux échanges entre Eli et Charlie, liés par un lourd passé familial et par les nombreuses épreuves qu'ils devront traverser pour s'affranchir d'une violence et d'une cupidité morbides et mortifères.

Servi par quatre fabuleux interprètes, par des dialogues brillants, une photographie qui rend palpable toute la noirceur et la terreur de la nuit, la beauté de ces vallées et de ces falaises ocres, rouges du sang de la terre et des hommes, par une musique enveloppante, une fin atypique et parodique, ce film est à voir, sur grand écran de préférence.

Un tout petit bémol : l'usage du terme « putain » dans la version française, pour le moins anachronique et déplacé dans la bouche de Charlie...

9,5/10 Jacques Audiard, Patrick deWitt, Western, Fraternité, Socialisme, Utopie, "Les Frères Sisters", "The Sisters Brothers"