vendredi 11 novembre 2016

LE JOKER / Pièce de Larry Tremblay, mise en scène par Éric Jean


Le Joker, dix-neuvième pièce de Larry Tremblay, en douze tableaux, créée le 7 novembre 2016 au Théâtre de Quat'Sous, à Montréal, dans une mise en scène d'Éric Jean. Texte publié chez Lansman Éditeur (Carnières-Morlanwelz, coll. « Théâtre à Vif », no 341, 2016, 62 p.).

Le père, la mère, le fils, l'amie de celui-ci, quatre personnages dont les actes et les pensées sont dirigés par Le Joker, ombre tapie en chacun d'eux.

Le Joker n'existe que parce que d'autres personnages existent. Son mode d'apparition et de disparition pourrait être celui de l'ombre.

Cette didascalie de l'auteur n'a malheureusement pas été prise au pied de la lettre par le metteur en scène, qui a choisi de représenter physiquement ce personnage-fantôme et d'incarner jusqu'à la caricature cette menace intérieure qui hante les autres personnages, qui se métamorphose dans la figure du zombie, du mort vivant.

Si le ton de la pièce bascule à maintes reprises dans le burlesque, il n'en demeure pas moins que l'atmosphère de terreur qui devrait nous gagner dans ce va-et-vient constant entre le rêve et la réalité ne vient jamais hanter le spectateur, confronté au contraire à une succession de jeux comiques dont l'efficacité se perd en cours de route. La peur, l'effroi, l'angoisse ne sont pas au rendez-vous sauf, peut-être, dans les scènes de films de zombies que la mère écoute... Paradoxe que les comédiens ne réussissent pas à résoudre. Le jeu trop appuyé du père (Normand Daneau) et du fils (André Robillard) ne rend pas justice à l'esprit de la pièce (que je n'ai pas lue), me semble-t-il ; tout comme les nombreuses grimaces du Joker, interprété plus sobrement malgré tout par Pascale Montpetit, entraînent le texte dans un humour au premier degré, généralement apprécié par une bonne partie de la population québécoise ou, du moins, par une majorité de spectateurs ce soir-là...

Il est vrai que je ne crois guère aux zombies et que je ne suis pas un fan des films de morts vivants. Peut-être qu'une bonne part des intentions de l'auteur et du metteur en scène m'auront échappées...

Si on doit reconnaître à ce dernier le mérite d'être allé jusqu'au bout de sa proposition scénique, la véritable création de cette oeuvre reste à venir.

 5/10

Mots clés : "Le Joker", Larry Tremblay, Éric Jean, "Théâtre de Quat'Sous", "Lansman Éditeur"