THÉÂTRE OUTREMONT, Montréal, 28 janvier 2019BlacKkKlansman / Opération infiltration, États-Unis, 2018, 135 minutes. R. : Spike Lee ; Sc. : Charlie Wachtel, David Rabinowitz, Spike Lee, Kevin Willmott, d'après l'oeuvre de Ron Stallworth, Black Klansman - Race, Hate and the Undercover Investigation of Lifetime. Grand Prix du Festival de Cannes 2018 (Édition 71). (En France : J'ai infiltré le Ku Klux Klan.)
Basé sur le récit véridique du premier policier noir du Colorado Springs Police Department, ce film « coup de poing » est une violente dénonciation du racisme de la société blanche américaine, non dénuée d'humour et d'un certain romantisme.
BLACK POWER
Dans les années 1970, alors que la guerre du Vietnam se déroule en toile de fond, sous la présidence de Richard Nixon, Ron Stallworth, policier noir, réussit à infiltrer le Ku Klux Klan en se faisant passer, au téléphone, pour le pire des racistes. Flip Zimmerman, un de ses collègues, Juif non pratiquant, emprunte son identité lors des réunions du Klan. De l'autre côté du miroir, les étudiants et résistants noirs se regroupent pour dénoncer la violence policière, politique et juridique à leur égard et pour exiger la reconnaissance de leurs droits civiques.
Et ce qui devait arriver arriva... Ron Stallworth nouera une relation amoureuse avec la présidente des étudiants universitaires noirs militants, émule des mythiques Black Panthers, relation qui, toute improbable qu'elle paraisse, s'intègre avec bonheur dans la progression de ce thriller socio-politique.
Si on peut reprocher certaines failles scénaristiques (les membres du Klan présentés comme une bande d'arriérés, dont on peut se jouer trop facilement ; Ron Stallworth, garde du corps de David Duke, éminence du KKK, toujours actif...), il n'en demeure pas moins que Spike Lee sait utiliser avec talent les ruptures de ton. Les nombreux extraits de films (Autant en emporte le vent (1950), réalisé par Victor Fleming, George Cukor et Sam Wood ; Naissance d'une nation (1915), réalisé par David Wark Griffith ; la légende de Tarzan), le long et douloureux récit du lynchage d'un adolescent noir en 1916 donnent froid dans le dos en évoquant le racisme inhérent et constitutif de la société états-unienne.
La finale en donne une preuve flagrante avec les images de la mort de la militante antiraciste Heather Heyer, renversée par un chauffard, et d'un Donald Trump banalisant la violence des milices d'extrême-droite, lors des manifestations de Charlottesville en août 2017.
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