Moi,
ce que j’aime, c’est les monstres, Livre premier, Montréal, Alto, [2016]
2018, 416 p. Fauve d'or au Festival d'Angoulême 2019.
Ce
roman graphique, époustouflant, déroutant et imposant, mérite une
longue entrée en matière, car si le lecteur ne prend soin de lire au
préalable les nombreux textes informatifs, en couverture, sur la conception de cette
oeuvre unique en son genre, il risque d'être passablement dérouté par
l'abondance et la variété graphiques et stylistiques des nombreux textes
et dessins.
« Ce livre a été écrit et dessiné par Emil Ferris [...], traduit par Jean-Charles Khalifa, lettré à la main par Amandine
Boucher, retouché par Jimmy Boukhalfa de Labogravure et édité par Dominique
Bordes. »
« [Il] est le résultat d’une expérience de laboratoire
composée de 42 % de mystère, 18 % de fiction historique, 6 % de romance, 21 %
de souvenirs, 5 % de réalisme urbain, 6 % de critique sociale mordante, 10 %
d’humour et de 3 % de thriller surnaturel. »
« En 2002, Emil Ferris, née en 1962 à Chicago, mère
célibataire et illustratrice, gagne sa vie en dessinant des jouets et en
participant à la production de films d’animation. Lors de la fête de son
quarantième anniversaire avec des amis, elle se fait piquer par un moustique et
ne reprendra ses esprits que trois semaines plus tard, à l’hôpital. On lui a
diagnostiqué une méningo-encéphalite : elle est frappée par une des formes
les plus graves du syndrome du Nil occidental. Les médecins lui annoncent
qu’elle ne pourra sans doute plus jamais marcher. Pire encore, sa main droite,
celle qui lui permet de dessiner, n’est plus capable de tenir un stylo. [Elle]
décide de se battre. Elle va jusqu’à scotcher un stylo à sa main pour dessiner,
ce qui lui prend un temps fou… […] Elle mettra six ans à réaliser cette œuvre
de 800 pages. » (3e de couverture)
« Journal intime d’une artiste prodige, Moi, ce que j’aime, c’est les monstres
est un kaléidoscope brillant d’énergie et d’émotions, l’histoire magnifiquement
contée d’une fascinante enfant au cœur du Chicago en ébullition des années
1960. Dans cette œuvre magistrale, tout à la fois enquête, drame familial et
témoignage historique, Emil Ferris tisse un lien infiniment personnel entre un
expressionnisme féroce, les hachures d’un Crumb* et l’univers de Maurice Sendak**. » (4e de couverture)
« Chicago, fin des années 1960. Karen Reyes, dix ans,
admire les fantômes, les vampires et autres morts-vivants. Elle s’imagine même
être un loup-garou : plus facile, ici, d’être un monstre que d’être une
femme. Le jour de la Saint-Valentin, sa séduisante voisine, Anka Silverberg, se
suicide d’une balle dans le cœur. Mais Karen n’y croit pas et décide d’élucider
cette mort suspecte. Elle va vite découvrir qu’entre le passé d’Anka dans
l’Allemagne nazie, son propre quartier prêt à s’embraser et les drames tapis
dans l’ombre de son quotidien, les monstres, bons ou mauvais, sont des êtres
comme les autres, ambigus, torturés et fascinants. » (2e de couverture)
Plus que l'histoire en elle-même, c'est principalement la qualité, la précision et la technique de la dessinatrice qui captivent avant tout, passant des planches chargées de nombreux éléments visuels à d'autres ne comportant qu'un seul dessin, jouant avec brillance des couleurs vives, de toutes les nuances du noir.
Ne pas oublier que cette oeuvre a été entièrement réalisée à la main, avec des stylos à bille...
* « Robert Crumb est un auteur de bande dessinée américain, et un musicien compositeur, né à Philadelphie le . C'est l'une des figures de proue du comix underground d'inspiration libertaire, bande dessinée alternative plutôt destinée aux jeunes adultes qu'aux enfants, depuis la fin des années 1960. » (Wikipédia)
** « Maurice Bernard Sendak, né le à Brooklyn à New York et mort le à Danbury dans le Connecticut, est un auteur et illustrateur de littérature d'enfance et de jeunesse, célèbre pour son album Max et les maximonstres publié en 1963.» (Wikipédia)
9/10 "Moi, ce que j'aime, c'est les monstres. Livre premier", Emil Ferris, "Roman graphique", Vampires, Expressionnisme, "Fiction historique", "Critique sociale", Humour, "Thriller surnaturel", Romance, Mystère, "Réalisme urbain"