Vénus
noire, France, Italie, Belgique, 2010, 159 minutes. R. et
Sc. : Abdellatif Kechiche.
Saartjie
Baartman, Vénus hottentote, est transplantée de l’Afrique du Sud
en Europe par son maître, chez qui elle était domestique. Ce drame
historique, qui repose sur des faits véridiques, débute en 1810, à
Londres, à la Foire aux monstres. Enfermée dans une cage comme une
bête de foire, celle-ci doit exécuter de nombreux actes de
soumission, des tours d’adresse, de musique et de chant, tout en
effrayant le public par sa corpulence et ses rugissements et en
livrant son corps en pâture au public, invité en clôture de
spectacle à toucher ses énormes fesses.
Personnage
ambigu à souhait, Saartjie ou Sarah navigue constamment entre
l’acceptation, dans le but de bénéficier de la moitié des
recettes faramineuses engendrées par sa performance, et son refus
d’agir en esclave humiliée, forcée d’accomplir des gestes et
des actions qui la rabaissent au rang des grands singes.
Après
un procès retentissant gagné par les bateleurs, ceux-ci quitteront
Londres pour Paris, en 1815, se produisant, sous l’égide d’un
dompteur d’ours (excellent Olivier Gourmet), dans les salons de
l’aristocratie française, Sarah faisant également l’objet
d’études scientifiques par l’Académie Royale de Médecine et le
Musée d’Histoire naturelle. Refusant de se dévoiler complètement
devant ces médecins, Sarah sera vendue à une tenancière de maison
close où, détruite par l’alcool et le tabac, infectée gravement,
elle décédera en 1817. Son corps sera ensuite vendu au Musée
d’Histoire Naturelle qui en exposera une réplique en plâtre,
ainsi que la majorité de ses organes dans des bocaux remplis de formol.
Ce
drame historique, basé sur une histoire troublante et révoltante, s'appuyant sur les plus bas instincts de la populace, avide de sensations
fortes, et sur le sentiment de supériorité des scientifiques
français, ne réussit pas à nous convaincre totalement. Le
réalisateur semble se complaire, en effet, dans l’exhibition et la
répétition des scènes de foire et de salon, qui lassent et
n’ajoutent que peu à la dénonciation déjà très forte des
méfaits de la colonisation et du mépris d’autrui. Une heure en
moins en aurait fait un film davantage percutant…
Ne
ratez pas le générique pour connaître le destin de la dépouille
dépecée de Saartjie Bartmann, à la fin du XXe siècle…
7,5/10
Mots
clés : "Vénus noire", Abdellatif Kechiche, Racisme,
Colonisation, "Drame historique", "Vénus hottentote"