mercredi 13 novembre 2019

LOLA VERS LA MER / Film réalisé par Laurent Micheli

CINÉMANIA (Montréal, du 7 au 17 novembre 2019)

Lola vers la mer, Belgique, France, 2019, 90 minutes. R. : Laurent Micheli ; Sc. Laurent Micheli, Marion Doussot et Agnès Feuvre. Prix Cinevox du Festival international du film francophone (FIFF) de Namur 2019, attribué à un long métrage belge programmé dans le cadre des sections Compétition officielle / Compétition 1ère oeuvre de fiction / Les Pépites, par un jury de trois passionnés de cinéma belge.

Peu attiré par le sujet (après le décès de sa mère, un transgenre, en rupture avec son père, reprend contact avec ce dernier), mais captivé par le cinéma belge (wallon ou flamand), je me réjouis d'être passé outre à mon manque premier d'intérêt. 

Ce petit bijou de film met en scène, à l'âge de dix-huit ans, le personnage de Lionel / Lola, interprété avec fougue, conviction et passion par Mya Boallers, elle-même transgenre, et par Benoît Magimel, dans le rôle du père de Lola, fortement ébranlé par le décès de son épouse et emmuré dans une violente colère face à son fils, en voie de parachever sa transformation physique.

Un troisième personnage (la mère / l'épouse, flamande), pont entre les deux hommes et les deux cultures, accompagne littéralement nos deux héros dans leur quête d'un lieu, à la Mer du Nord, pour y répandre ses cendres. Si, au départ, le père, enfermé dans son ressentiment et dans le déni, refuse avec brutalité tout rapport avec son fils, celui-ci, tout aussi ferme dans sa volonté et son désir d'accompagnement, parviendra, peu à peu, à fendiller l'armure paternelle, à percer sa carapace.

De très belles scènes, fortes et émouvantes, dans l'auto et, surtout, dans le bar-café-maison close flamand, où la tenancière (magnifiquement interprétée par Els Deceukelier - une Simone Signoret flamande...) et la servante, par la parole et la douceur, amènent les protagonistes « à voir derrière les apparences ». Si le conflit entre le père et le fils-fille est loin d'être complètement résolu, le réalisateur n'en laisse pas moins le spectateur sur une fin ouverte, très touchante, que l'on peut interpréter comme une note d'espoir et d'ouverture.

9/10 "Lola vers la mer", Lola, Transgenre, "Drame psychologique belge", "FIFF Namur 2019"