vendredi 13 mars 2020

LA PANTHÈRE DES NEIGES / Sylvain Tesson

La Panthère des neiges, Paris, Gallimard NRF,  coll. « Blanche », 2019, 169 p.

Difficilement classable (roman, essai, documentaire, autobiographie...), ce dernier ouvrage de Sylvain Tesson, écrivain-aventurier français, se déroule au Tibet, dans une quête passionnante de la panthère des neiges (en voie d'extinction), en compagnie de Vincent Munier, photographe animalier, de Marie, cinéaste et fiancée de Munier, et de Léo, le philosophe, aide de camp de ce dernier.

Ce récit de l'affût, de l'attente révèle la beauté des plateaux himalayens, enneigés, parcourus par les yacks, les loups, les ânes, les antilopes chirous, les gazelles procapra, les chèvres bleues, les aigles royaux, les faucons sacres, « bestiaire médiéval dans les jardins glacés ».

Si, parfois, Tesson se laisse emporter par un savant lyrisme et par des considérations personnelles énigmatiques, il n'en demeure pas moins que cette recherche de la beauté sauvage, accompagnée d'une réflexion philosophique sur la nature, en butte à l'avidité et à l'inconscience humaines, conduit le lecteur fort loin de son confort habituel, l'entraînant dans des contrées inédites.

Un voyage inoubliable, et sans danger...

« Hier, l'homme apparut, champignon à foyer multiple. Son cortex lui donna une disposition inédite : porter au plus haut degré la capacité de détruire ce qui n'était pas lui-même tout en se lamentant d'en être capable. À la douleur, s'ajoutait la lucidité. L'horreur parfaite. » (p. 55)

« [...] j'avais croisé le beau visage de l'esprit des pierres. Son image, glissée sous mes paupières, vivait en moi. Quand je fermais les yeux, je voyais sa face de chat hautain, ses traits plissés vers un museau délicat et terrible. J'avais vu la panthère, j'avais volé le feu. Je portais en moi le tison. » (p. 161)

« La Terre avait été un musée sublime.
Par malheur, l'homme n'était pas conservateur. » (p. 164)

« Se tenir à l'affût est une ligne de conduite. Ainsi la vie ne passe-t-elle pas l'air de rien. On peut tenir l'affût sous le tilleul en bas de chez soi, devant les nuages du ciel et même à la table de ses amis. Dans ce monde, il survient plus de choses qu'on ne le croit. » (p. 164)

9/10 Sylvain Tesson, "La Panthère des neiges", Essai, Documentaire, Tibet, Nature, Culture