Carnets d'un moine errant / Mémoires, Paris, Allary Éditions, 2021, 767 p., ill.
Né en 1946, Matthieu Ricard « renaît » à l'âge de 21 ans, à Darjeeling, en Inde. Son père spirituel est Kangyour Rinpoché, un grand maître tibétain qui l'émerveilla par son extraordinaire qualité d'être. Cinq ans plus tard, à l'âge de 26 ans, alors chercheur en génétique à l'Institut Pasteur, promis à un bel avenir, il abandonne tout pour vivre dans l'Himalaya, depuis plus de cinquante ans.
Sans compter ses traductions du tibétain et ses publications scientifiques, Matthieu Ricard est l'auteur de six essais, de onze ouvrages en collaboration et de douze albums photographiques, dont onze publiés aux Éditions de la Martinière.
Pour les personnes intéressées par l'art himalayen, il eut « [...] l'occasion de prendre au fil des ans plus de trente
mille clichés sur l'art himalayen, qui sont préservés aux Shechen
Archives, au Népal, et mis à la disposition de tous ceux qui en font la
demande. » (p. 209)
« [...] ce texte se veut moins une autobiographie au sens traditionnel que le témoignage d'une vie inspirée à chaque instant par les maîtres spirituels que j'ai rencontrés. » Note de l'auteur, p. 9.
Ce volumineux ouvrage, divisé en sept parties : La rencontre du maître ; Sept ans à Darjeeling ; Un deuxième soleil ; Préserver l'héritage ; Vingt et une fois au pays des neiges ; Au coeur du maelstrom ; Retour aux sources, se mérite...
Les nombreuses références aux divers courants bouddhistes, les résultats des recherches scientifiques, les nombreuses appellations des maîtres tibétains [ainsi, Kangyour Rinpoché, né au Tibet oriental en 1898 sous le nom de Longchèn Yéshé Dorjé, « Vaste Espace de Sagesse Adamantine », était considéré comme la manifestation de Namkhai Nyingpo, l'un des vingt-cinq principaux disciples de Gourou Padmasambhava, le maître qui introduisit le bouddhisme au Tibet aux VIIIe-IXe siècles (p. 95)] rendent la lecture difficile pour qui est peu familier avec la tradition bouddhiste, sans compter les nombreux déplacements de ce « moine errant » dans diverses régions de l'Inde, du Népal, du Bouthan et du Tibet, ainsi que de nombreux continents.
Toutefois, le parcours exceptionnel de cet être altruiste et de compassion est pour le moins exemplaire et digne d'un effort de lecture. Car, « They walk the talk. » (p. 615) Il fait ce qu'il enseigne.
Quelques notions sur le bouddhisme :
Les « [...] trois principaux véhicules du bouddhisme, le Theravada, le Mahayana et le Vajrayana. » (p.133)
« Bien que l'on considère que ces trois courants majeurs du bouddhisme ne font qu'un (ekayana), il existe des différences sensibles entre eux. Le Theravada, ou voie des Anciens, se définit comme étant le représentant orthodoxe du bouddhisme originel tel qu'il fut enseigné par le Bouddha Shakyamouni aux Ve et IVe siècles avant J.-C. L'accent y est mis sur la stricte observance de la discipline (vinaya) et la libération individuelle (pratimoksha) de la souffrance. Le Mayahana, ou Grand Véhicule, insiste sur la notion de compassion. Tout en s'appuyant sur les paroles du Bouddha (soutra), le bodhisattva, ou « héros de l'Éveil », fait le voeu d'atteindre l'état de bouddha dans le but d'acquérir ainsi la capacité de libérer tous les êtres de la souffrance. Enfin, le Vajrayana (« véhicule de diamant »), ou véhicule de Diamant, qui se développa en Inde et de manière plus vaste au Tibet aux VIIIe et IXe siècles sous l'égide du grand maître Gourou Padmasambhava, intègre les conceptions philosophiques et les textes sacrés des deux courants précédents en y ajoutant une multiplicité de méthodes méditatives permettant de parcourir rapidement le chemin vers l'Éveil. Le Theravada est fondé sur la renonciation, le Mahayana sur la compassion et le Vajrayana sur la vision pure. » (note 1, p. 738)
Bonne lecture !
8/10 "Matthieu Ricard", "Carnets d'un moine errant", Bouddhisme, "Jean-François Revel", Tibet, " Art himalayen"
