jeudi 16 mars 2023

ÉPISODE UN : La lettre de la présidente

Diffusion de trois épisodes, à intervalles réguliers, avec comme objectifs d’analyser les documents préparatoires transmis par l’UNEQ en vue de l’assemblée extraordinaire du 29 mars prochain, d’interroger et de rectifier les faits, les projections, les analyses qui nous paraissent discutables, mal fondées, ou inexactes.                                    

ÉPISODE 1 :
 
Lettre de la présidente (voir ci-bas)
 
Mes pairs…
 
Dès le premier paragraphe, Le Mot de la présidente, transmis par courriel le 21 février 2023, suscite la réflexion :
 
«C’est un honneur et un privilège que d’en être à mon troisième mandat et d’avoir été élue, puis désignée par mes pairs du conseil d’administration pour piloter le seul syndicat d’artistes du domaine de la littérature au Québec.»
 
Pourquoi a-t-elle ressenti le besoin de préciser qu’elle avait été désignée par ses pairs du conseil d’administration pour piloter le syndicat, alors que la présidence, quelle que soit la façon dont on y parvient et quels que soient les rôles qui lui sont attribués, est strictement redevable aux membres qu’elle représente ? Est-ce là le premier symptôme de l’existence de cette «bulle» dont elle parle plus loin, qui l’a empêchée de s’apercevoir qu’elle manquait à son devoir d’informer ?
 
L’information : cette grande absente
 
Parmi les grandes responsabilités de la présidence :
 
« : […] vous représenter, faire valoir vos droits et vos intérêts socioéconomiques, agir avec détermination dans le présent, avoir une vision de l’avenir, assurer la santé financière de notre Union, tout en vous tenant informé·e·s de tous ces enjeux aussi souvent et aussi clairement que possible.»
 
La présidente reconnaît, dans le paragraphe suivant, que «[…] sur ce dernier point, l’information, […] il me faut admettre que nos objectifs n’ont pas été atteints ces derniers mois.»
 
Ceux-ci n’ont pas seulement été perdus de vue, mais le processus démocratique lui-même n’a pas été respecté, car on n’a pas jugé bon de consulter les membres avant de décréter un changement de cap radical dans le fonctionnement de l’association.
 
Dans cet énoncé, n’aurait-il pas fallu mentionner la diffusion et la valorisation de la littérature québécoise, lui accorder la même importance qu’à la santé financière de l’Union et à la mise en valeur des intérêts socioéconomiques des membres ? Cet énoncé pourrait tout aussi bien être celui d’un.e président.e d’une compagnie aérienne, d’assurances ou de prêt-à-porter. Pourtant, l’UNEQ a ce double mandat depuis sa fondation. Ne pas l’oublier devrait faire partie des grandes responsabilités de la présidence.
 
Dans une bulle
 
Madame la présidente reconnaît que le conseil d’administration et le directeur général ont «sans doute vécu dans une bulle pendant cette longue période. Une bulle dans laquelle […] à nos yeux, tout était limpide, bien documenté, bien compris.» Une bulle qui les a menés sur «le chemin […] tout tracé», du «[…] lac-à-l’épaule [du]16 septembre 2022», où fut défini le nouveau Plan stratégique.
 
Des séances d’information ont «[…] eu lieu les 7 et 8 décembre 2022 pour informer les écrivaines et les écrivains de notre Plan stratégique 2023-2027, […] pour préparer les autrices et les auteurs à des changements d’une telle ampleur, […] pour leur permettre de mieux s’approprier la nouvelle réalité législative de l’UNEQ […].»
 
Informer, préparer, s’approprier… Un mot, cependant, brille par son absence dans cette litanie, le verbe consulter. Cela aurait dû être une priorité pour un syndicat comme l’UNEQ qui, selon sa présidente, vend le rêve de la solidarité (Lettre ouverte à Sophie-Luce Morin, Le Devoir, 4 mars 2023). Comment peut-on se dire solidaire, alors qu’on informe mal et qu’on ne consulte pas ?
 
Puisqu' «[...] une information régulière, claire et détaillée [doit] permettre aux membres de mieux s’approprier la nouvelle réalité législative de l’UNEQ et ses nombreuses implications [...]», peut-être n’est-il pas besoin pour eux d’être consultés, mais seulement d’emprunter la seule voie offerte, celle déjà définie par le conseil d’administration ?
 
Et maintenant…
 
«[…] à nous de vous informer au mieux pour que votre vote, quel qu’il soit, soit le plus éclairé possible par des faits, des projections, des analyses. Voilà pourquoi je suis heureuse de vous transmettre aujourd’hui un Guide d’information pour tout savoir sur les enjeux actuels de l’UNEQ et se préparer à l’assemblée générale extraordinaire du 29 mars 2023.»
 
Informer, enfin ! Comment le conseil d’administration entend-il informer les membres de l’UNEQ des contre-arguments, des opinions contraires ? Un espace sera-t-il accordé à ces commentaires dans le site de l’UNEQ, seront-ils diffusés, comme le Guide d’information, et dans le site de l’UNEQ, à la suite du mot de la présidente ? C’est à cet aulne que l’on pourra juger de la sincérité des excuses de la présidence et de son désir réel de solidarité.
 
À SUIVRE :
 
ÉPISODE 2 : Les cotisations syndicales
 
Pierre Lavoie, directeur général de l’UNEQ de 1993 à 2010
 
Première publication : 14 mars 2023
 
 

Mot de la présidente

21 février 2023

Chères écrivaines, chers écrivains et artistes de la littérature,

Voilà près de six ans que je préside notre Union. C’est un honneur et un privilège que d’en être à mon troisième mandat et d’avoir été élue, puis désignée par mes pairs du conseil d’administration, pour piloter le seul syndicat d’artistes du domaine de la littérature au Québec. Et, comme tout honneur, celui-ci s’accompagne de grandes responsabilités : vous représenter, faire valoir vos droits et vos intérêts socioéconomiques, agir avec détermination dans le présent, avoir une vision de l’avenir, assurer la santé financière de notre Union, tout en vous tenant informé·e·s de tous ces enjeux aussi souvent et aussi clairement que possible.

C’est sans doute sur ce dernier point, l’information, qu’il me faut admettre que nos objectifs n’ont pas été atteints ces derniers mois.

Le conseil d’administration, de concert avec la petite équipe permanente de l’UNEQ (huit personnes en ce moment), a travaillé sans relâche durant cinq ans afin de remporter une bataille législative déterminante pour notre avenir : l’obtention d’une loi sur le statut de l’artiste qui nous donne enfin le moyen d’entreprendre la négociation d’ententes collectives avec les producteurs et diffuseurs. Pour y parvenir, nous avons participé à d’innombrables séances de travail, des représentations politiques, des actions médiatiques, des campagnes de mobilisation, pour finalement obtenir gain de cause, le 3 juin 2022, avec l’adoption du projet de loi 35, qui a fait des écrivaines et écrivains, autrices et auteurs, traductrices et traducteurs, illustratrices et illustrateurs, des artistes à part entière.

Nous avons travaillé d’arrache-pied pour que cette nouvelle Loi voie le jour, et nous avons sans doute vécu dans une bulle pendant cette longue période. Une bulle dans laquelle nous étions tellement investi·e·s qu’à nos yeux, tout était limpide, bien documenté, bien compris. Notre Plan stratégique 2018-2022 stipulait déjà notre volonté de rendre obligatoires des normes équitables liées à la pratique du métier d’écrivain·e. Lors de notre lac-à-l’épaule, qui s’est tenu le 16 septembre 2022 afin de définir notre nouveau plan stratégique, le chemin semblait tout tracé.

Bien que nous ayons mis sur pied cinq groupes de consultation en vue des futures négociations et que deux réunions des membres aient eu lieu les 7 et 8 décembre 2022 pour informer les écrivaines et les écrivains de notre Plan stratégique 2023-2027, présentant des enjeux essentiels comme la mise en place de cotisations syndicales pour financer les négociations et la vente de la Maison des écrivains, ces démarches étaient nettement insuffisantes pour préparer les autrices et les auteurs à des changements d’une telle ampleur.

En voulant procéder rapidement au démarrage des négociations, nous avons sauté une étape essentielle : celle de s’assurer que toutes et tous recevaient une information régulière, claire et détaillée pour leur permettre de mieux s’approprier la nouvelle réalité législative de l’UNEQ et ses nombreuses implications, tant sur le plan juridique que sur l’encadrement des conditions de travail des autrices et des auteurs.

Je reconnais ce manque d’information et je m’en excuse sincèrement. Je comprends les préoccupations légitimes exprimées par bon nombre d’écrivaines et d’écrivains qui se sentaient mal outillé·e·s ou placé·e·s devant un fait accompli. Toutefois, certains propos tenus sur les réseaux sociaux, notamment pendant la période des fêtes, mettaient en doute les intentions et la compétence des élu·e·s et du personnel de l’UNEQ ainsi que la pertinence de notre Union. Il est utile de rappeler que derrière nos fonctions se trouvent des personnes qui consacrent temps, énergie et passion à défendre leurs pairs.

Je souhaite profiter de ce Mot de la présidente pour rendre hommage aux élu·e·s qui, depuis la fondation de l’UNEQ en 1977, ont façonné notre Union au fil du temps et ont grandement contribué à l’essor de la littérature québécoise et à la défense des droits des écrivaines et des écrivains. Je tiens aussi à saluer avec une immense gratitude l’équipe permanente, sous la direction de Laurent Dubois depuis plus de 5 ans, qui a réussi à mener de front, avec un dévouement et un engagement exemplaires, des dizaines de projets de valorisation de la littérature québécoise, la bataille pour une loi équitable sur le statut de l’artiste dans une lutte syndicale rude et semée d’embûches, sans oublier les services et les conseils qu’elle a continué à délivrer sur la pratique du métier d’écrivain·e, tout cela avec des moyens financiers nettement insuffisants.

Et maintenant…

Maintenant, c’est à vous de vous exprimer. En annonçant, le 18 janvier dernier, que deux votes sur des questions majeures seront proposés lors de l’assemblée du 29 mars prochain, le conseil d’administration est pleinement conscient des enjeux qui en découlent.

Maintenant, c’est à nous de vous informer au mieux pour que votre vote, quel qu’il soit, soit le plus éclairé possible par des faits, des projections, des analyses. Voilà pourquoi je suis heureuse de vous transmettre aujourd’hui un Guide d’information pour tout savoir sur les enjeux actuels de l’UNEQ et se préparer à l’assemblée générale extraordinaire du 29 mars 2023.

Ce document a été rédigé sur la base des questions les plus fréquemment posées au cours des dernières semaines. À la lecture de ce Guide d’information, vous constaterez la somme de travail qu’il a nécessité. Depuis le 9 janvier, l’équipe s’est mobilisée pour en faire un outil complet et factuel.

J’espère de tout cœur que nous continuerons à mener un dialogue constructif dans les prochaines semaines, et que tous les points de vue pourront s’exprimer dans le respect des personnes et de leur conception de ce que doit être l’UNEQ.

L’assemblée générale du 29 mars 2023 sera toute aussi historique que l’adoption de la nouvelle loi sur le statut de l’artiste. Ce sera l’occasion de renforcer l’UNEQ et de lui donner les moyens d’améliorer durablement les droits socioéconomiques des autrices et des auteurs que nous représentons.

 

Votre présidente,

Suzanne Aubry